Né à Pise en 1922, Gianni Bertini est un artiste audacieux dont les travaux répartis dans différentes périodes se sont étendus de la fin des années 40 jusqu’à son décès en 2010. Il s’installe en France dès 1951 et apparaît rapidement comme une figure incontournable, bien qu’inclassable, de la scène artistique française. Cet artiste truculent et inventif n’a cessé de se remettre en question en renouvelant son vocabulaire pictural, étant ainsi souvent en avance sur les mouvements auxquels il a participé sans véritablement y adhérer, comme les nouveaux réalistes ou la figuration narrative. Le critique d’art Pierre Restany, théoricien et fondateur des nouveaux réalistes, n’a jamais cessé d’encenser Gianni Bertini.
Dès 1963, il imagine un nouveau procédé créatif qu’il nomme « Mec’Art » (mechanical art), qui s’étend jusqu’en 1985. Il se caractérise par l’utilisation d’un procédé de report photographique sur toile émulsionnée. Prenant le contrepied de l’abstraction qui fait rage durant les années 1950, Bertini privilégie la figuration et se réapproprie des images universelles qu’il transfigure en mythes contemporains.
Nous avons fêté l’année dernière les cent ans de la naissance de Bertini. L’esthète.
Amore Mio
1979
Technique mixte sur toile en tondo
Diamètre : 49 cm Diamètre encadré : 68 cm
Le peintre réutilise ici plusieurs éléments qui inscrivent son œuvre dans la tradition de la grande peinture italienne des Quattro et Cinquecento, comme le choix du tondo, l’iconographie universelle de la Vierge à l’enfant ou encore le motif du paysage en arrière plan.


Arriva il 5 (in coppia)
1975
Technique mixte sur toile
170 x 116 cm
Cette toile est caractéristique de la période Mec’Art de l’artiste, qui se distingue par l’emploi du report photographique sur toile émulsionnée. Il réutilise toute une imagerie du quotidien comme, entre autres, les photographies de presse, les affiches ou les publicités, etc. Il les extrait de leur contexte d’origine et se les réapproprie en les intégrant à sa toile, créant ainsi l’étonnement. Il y ajoute des formes qu’il emprunte au monde des machines et qui évoquent la modernité. Cet acte, défini comme une ‘bertinisation’ de l’iconographie du monde moderne est la signature même de l’artiste. Fortement attiré par le monde automobile, Bertini reprend ici des photographies de courses de l’époque.
Une femme
1966
Technique mixte sur toile
191 x 127 cm
Cette œuvre est caractéristique de la période Mec-Art de l’artiste, qui représente souvent des femmes, tantôt contemporaines, tantôt Madones, tantôt pin-up mais toujours modernes et objet de fascination.


Andiamo al bagno
1975
Technique mixte sur toile
162 x 114 cm
Cette toile est caractéristique de la période Mec’Art de l’artiste. Il extrait ici deux femmes de leur contexte d’origine, probablement une carte postale de baigneuses des années 1910-20, et se les réapproprie en les intégrant à sa toile, créant ainsi l’étonnement. Le décor est emprunté au monde des machines et évoque la modernité.
E lui ride
1977
Technique mixte sur toile
125 x 100 cm
E lui ride, bien que faisant partie de la période Mec-Art de l’artiste, est caractéristique de la série particulièrement socio-politisée intitulée Abbaco ». La réutilisation du paysage en arrière plan, typique de la Renaissance italienne, est emblématique des compositions de cette série. Au troisième plan, Bertini réutilise un cliché de l’attentat du 14 mai 1977 à Milan qui devient l’icône des « années de plomb » en Italie. Au deuxième plan, il reprend une photographie de sa propre femme pour représenter la victime innocente, dommage collatéral de cette brutalité qui peut frapper n’importe quand. Enfin, au premier plan, un enfant, seul, dans la lumière, symbolise l’innocence. Ces différents plans, incrustés dans un décor du Quattrocento, constituent autant de niveaux de lecture pour cette œuvre au message socio-politique extrêmement riche et complexe.


Les ruines de Ségeste
1991
Technique mixte sur toile
116 x 89 cm
Les ruines de Ségeste est une œuvre caractéristique de la période Moderne de l’artiste et du travail qu’il effectue au début des années 90. Ayant mené aussi loin qu’il le pouvait ses recherches autour du Mec-Art, il décide alors d’expérimenter un nouvel angle de vue en conjuguant certains de ses travaux de la période Informelle à un message engagé fort. La narration ne se développe plus à travers des visages, des expressions ou des images du quotidien immédiatement identifiables. Elle passe à présent par une forme, presque une ombre, ici ces hélicoptères qui symbolisent la guerre du Golfe. À travers le titre, qui fait référence à la ville antique de Ségeste en Sicile, Bertini se réapproprie les mythes antiques afin de les ancrer dans la modernité.
Massacre
1972
Technique mixte sur toile
224 x 160 cm
À cette toile ‘fictive’, s’associent divers personnages issus de contextes largement différents : un acrobate, des soldats ainsi qu’une Carmen au centre. L’artiste a souvent représenté les femmes, tantôt contemporaines, tantôt Madones, tantôt pin-up mais toujours modernes et objet de fascination, tel ce personnage de Mérimée. Cette superposition bouscule la lecture de l’œuvre, qui devient une sorte de scène de cirque inattendue et burlesque.
